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Le Haut Potentiel Intellectuel (HPI) peut-il générer des situations de handicap ?

Maintien dans l'emploi
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En tant que référent handicap, vous êtes parfois perdus avec toutes les notions relatives au cognitif et à l’émotionnel : neuroatypie, neurodiversité, HPI (Haut Potentiel Intellectuel), philo-cognitif, HPE (Haut Potentiel Émotionnel), TDAH (Troubles De l’Attention avec ou sans Hyperactivité)…

Certaines de ces notions sont reconnues scientifiquement et bénéficient d’une définition admise communément. D’autres notions sont sujettes à des débats et ne font pas l’unanimité sur leur définition, leurs contours, leurs conséquences…

  1. Le terme « neuroatypique » vient d’être introduit dans le Dictionnaire Le Petit Robert, édition 2025 et désigne un être « dont le fonctionnement neurologique diffère de la norme ». Cette étiquette recouvre aussi bien le spectre autistique, les troubles DYS, les personnes diagnostiquées Haut Potentiel Intellectuel (HPI) et les personnes avec un Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) (1).

    En tant que référent handicap, vous vous êtes peut-être interrogé pour savoir si un collaborateur Haut Potentiel Intellectuel a besoin d’être accompagné ou s’il peut réaliser une demande de reconnaissance de handicap s’il rencontre des difficultés dans son environnement de travail.

    Notre intention dans cet article est de clarifier la notion de HPI et d’identifier quelle posture le référent handicap peut adopter pour accompagner un collaborateur avec HPI.

Qui sont les personnes avec un Haut Potentiel Intellectuel ou les “philo-cognitifs” ?

  1. Il n’existe pas de dénomination communément partagée pour définir ces penseurs atypiques : surdoué, précoce, haut potentiel, zèbre, philo-cognitifs…

    La définition scientifique repose sur le critère énoncé par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) : le Haut Potentiel Intellectuel est défini par un Quotient Intellectuel (QI) d’au moins 130 à un test psychométrique. 2,3% de la population aurait un résultat au-delà de 130 (2).

    Toutefois, cette définition n’est pas suffisante.  Dans notre article, nous retiendrons la définition émise par Fanny Nusbaum, Olivier Revol et Dominic Sappey-Marinier (3). Selon eux, les penseurs atypiques, qu’ils dénomment les philos-cognitifs, aiment penser et réfléchissent globalement plus rapidement, de façon plus performante et plus globale.

    On observe 3 caractéristiques chez les personnes philo-cognitives :

    •  L’Hyperspéculation : un raisonnement actif (voire hyperactif et compulsif). Ces personnes ont la nécessité permanente de penser beaucoup, de pousser le raisonnement toujours plus loin et de remettre en question facilement.
    • L’hyperacuité : une sensibilité exacerbée. C’est le fait de capter énormément d’informations sensorielles et émotionnelles et d’être constamment en alerte.
    • L’hyperlatence : une pensée automatique et analogique. Les -cognitifs pensent souvent en arborescences.

    L’étude de Fanny Nusbaum, d’Olivier Revol et Dominic Sappey-Marinier montre qu’il existe deux profils de philo-cognitifs : les complexes et les laminaires et que chaque personne concernée évolue sur un spectre.

    Les tests cognitifs (tests du QI Weschsler) peuvent révéler une homogénéité ou une hétérogénéité dans les indices évalués.

Comment peut-on être reconnu HPI ?

  1. Il sera nécessaire de s’orienter vers un psychologue habilité à administrer des tests ou échelles d’intelligence qui ont été validés par la recherche.  Les plus couramment administrées dans le monde sont les échelles standardisées de Wechsler : Wechsler Adult Intelligence Scale (WAIS) : pour les adultes de 16 à 79 ans et 11 mois.

    Le haut potentiel appartient au champ de la psychologie qui étudie les différences entre les individus. On préfère donc parler d’identification plutôt que de diagnostic HPI.

Comment accompagner des collaborateurs HPI en entreprise ?

  1. Si un collaborateur annonce être Haut Potentiel Intellectuel, cette annonce suffit-elle pour imaginer une situation de handicap et éventuellement une démarche de reconnaissance du handicap ?

    Le HPI, en tant que tel, n’est pas considéré comme un handicap par les Maisons Départementales pour les Personnes Handicapées (MDPH). Cette notion n’est pas inscrite dans les critères de reconnaissance des handicaps tels que définis par la loi.

Quels sont les bons réflexes d’un référent handicap pour accompagner un collaborateur HPI ?

  1. Il peut être opportun de l’interroger sur la situation de travail et l’environnement de travail.

    • Quel environnement de travail est favorable à l’exercice des missions ?
    • A-t-il des difficultés liées à son poste ?
    • Est-il gêné par des facteurs de son environnement de travail ?
    • Comment les interactions sociales se passent-elles ?
    • A-t-il une sensibilité plus forte à la lumière, au bruit, … ?

    Associer le manager à cet échange sera intéressant pour étudier ce qui relève de la personnalité du collaborateur, de ses besoins ou d’un éventuel trouble de santé.

    La majorité des personnes avec une identification HPI vont bien. Toutefois, en raison de certaines de leurs caractéristiques (créativité, grand besoin du sentiment  , …) elles ont besoin pour être pleinement épanouies et productives d’un environnement de travail réellement adapté.

    Le manager pourrait par exemple lui :

    • Confier des tâches nombreuses, variées et complexes
    • Éviter les activités répétitives et l’exposer à la nouveauté
    • Confier des responsabilités afin de stimuler son intelligence
    • Faire des remarques précises et constructives sur son travail
    • Indiquer du sens pour son activité
    • Proposer une évolution professionnelle régulière
    • Donner un cadre de travail flexible et de l’autonomie

    En prenant en compte la diversité des façons de penser parmi les collaborateurs de son équipe, le manager va pouvoir construire un environnement de travail favorable.

Quand doit-on s’interroger sur une situation de handicap ?

  1. Si lors de l’échange avec le collaborateur, vous avez des interrogations sur l’aménagement du poste de travail, n’hésitez pas à solliciter le médecin du travail pour qu’il puisse recevoir le collaborateur. Accompagner votre demande d’une description de l’environnement de travail permettra au médecin du travail ou à son équipe pluridisciplinaire d’investiguer avec le collaborateur les bonnes pistes.

    Si vous observez également des changements de comportements, des tensions relationnelles, un repli sur soi, … engagez un échange avec le collaborateur, le manager et le médecin du travail.

Y-a-t-il des cas où des collaborateurs HPI sont reconnus travailleurs handicapés ?

  1. Comme écrit précédemment, une identification par un test réalisé par un psychologue ne permettra pas de constituer un dossier de reconnaissance du handicap auprès de la MDPH.

    Toutefois, les Maisons Départementales des Personnes Handicapées peuvent considérer la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé pour une personne HPI si celle-ci présente des troubles ou des difficultés significatives associées au HPI, comme :

    • Troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité
    • Anxiété ou dépression
    • Troubles du spectre de l’autisme
    • Troubles de l’adaptation (ex : troubles obsessionnels compulsifs, trouble de la personnalité, …)

    Ces troubles doivent avoir un impact substantiel sur la capacité de la personne à exercer une activité professionnelle ou à participer à la vie sociale de manière autonome.

Comment accompagner ces collaborateurs dans la démarche de RQTH ?

  1. Chaque demande est examinée au cas par cas par la MDPH du lieu du domicile du demandeur. La MDPH évalue individuellement chaque situation en tenant compte des rapports médicaux et psychologiques. Le demandeur doit démontrer comment son HPI, associé à d’autres difficultés, limite sa capacité de travail ou sa vie quotidienne.

    Pour obtenir une reconnaissance RQTH, il est important de fournir :

    • Rapports médicaux détaillés : présentant les troubles associés au HPI.
    • Évaluations psychologiques : résultats du test WAIS et les évaluations détaillant les impacts spécifiques sur la vie quotidienne et professionnelle.
    • Lettres explicatives : décrivant les difficultés rencontrées au travail ou dans la vie de tous les jours.

    La RQTH a pour but d’accompagner les personnes en difficulté dans leur insertion professionnelle en leur offrant des aides adaptées, comme des aménagements de poste, des aides financières ou un soutien spécifique dans le cadre de leur travail.

Atouts & Handicap vous accompagne

  1. Notre équipe peut sensibiliser vos managers à la neurodiversité pour les accompagner à proposer des missions et des environnements de travail adaptés aux collaborateurs de leur équipe et préserver ainsi leur santé au travail.

    Les personnes Hauts potentiels intellectuels, TDAH, autistes, DYS, neuro-atypiques et neuro typiques possèdent toutes des compétences précieuses. Toutefois, l’entreprise doit proposer un environnement favorable pour qu’elles puissent se révéler.

     

    Atouts & Handicap est un Cabinet de conseil et un Organisme de formation certifié Qualiopi qui accompagne les entreprises sur les champs du handicap et de la santé au travail à travers des prestations de :

     

    • Conseil
    • Formation
    • Maintien dans l’emploi
    • Sensibilisation
    • Communication

     

    Prenez contact avec nous pour que nous vous présentions nos Atouts pour :

     

    • Améliorer les conditions de travail de vos collaborateurs
    • Faire gagner du temps à votre équipe RH
    • Faire baisser l’absentéisme dans votre entreprise
    • Optimiser votre budget « handicap et santé au travail »

     

    Tout cela en profitant si possible de l’enveloppe de déduction de 10% de votre contribution URSSAF (Agefiph) si vous n’atteignez pas votre obligation légale d’emploi de travailleurs handicapés.

     

    Article coécrit par Laurène Majada et Gwenaëlle Bargain

     

    Sources :

    • (1) : Article “neuroatypique” des divergences cognitives comme autant de manières différentes d’être au monde paru dans Le Monde le 5 juin 2024
    • (2) : Le Haut Potentiel Intellectuel chez l’adulte : État des lieux en psychologie et problèmes épistémologiques associés Jean Vion-Dury, Gaëlle Mougin, Déborah Chamouilli – HAL Id: hal-03881240 https://hal.science/hal-03881240 Submitted on 1 Dec 2022
    • (3) :  Les philo-cognitifs. Ils n’aiment que penser et penser autrement… Odile Jacob 2019

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